• 2 heures du matin... La tempête hurle sa rage au dehors. 

     

    Dessin de Victor hugo

    Les arbres agitent désespérément leurs ailes feuillues, comme de grands oiseaux affolés par le sifflement du vent sur la toiture. Les grands conifères torturés clament leur souffrance en craquements sinistres laissant choir leurs pommes de pin sur la tonnelle qui gémit.

    Les volets vibrent, mitraillés par les gouttes de pluie qui les frappent en rafales désordonnées.

    C'est une nuit sans lune qui tient en éveil. L'insomnie victorieuse se pavane sur les pensées sombres qu'elle suscite, à la faveur des bruits sinistres du dehors.

    Tous ces sons inhabituels, inquiétants, qui me font tressaillir alors que je fais le tour des pièces pour vérifier que tout est bien verrouillé.

    Des bruits de pas dans la cour? Sûrement quelque pot oublié que le vent malmène sur le pavage...

    Le grincement de la porte? Un rôdeur tente-t-il de la forcer?

    Je fuis dans la chambre espérant y trouver davantage de réconfort. J'éteins la lampe de chevet, il vaut mieux essayer de ne penser à rien et de dormir. 

    Un volet claque à l'étage, bruit lancinant qui m'empêche de m'assoupir...

    4 heures! Les chiffres du radio-réveil m'observent de leurs yeux verts: pourquoi sont-ils si menaçants?

    Et là soudain, ce souffle dans mon dos qui me glace le sang!

    Je reste immobile, à l’écoute de cette respiration étrangère... moi j’ai  le souffle coupé, espérant tromper l’intrus qui va me sauter au cou!

    Mais ce n'est rien qu'un courant d'air et les rideaux qui bougent lentement, linceuls des fantômes qui hantent mon esprit.

    Que cette nuit tempétueuse est propice à des fantasmes aussi sombres que les ténèbres extérieures!

    Mon lit semble être un radeau malmené par la furie des éléments naturels. Mes pensées tanguent, et toutes mes préoccupations ordinaires me semblent bien plus inquiétantes que je ne les avais imaginées... 

    Si seulement le vent pouvait les emporter! 

    Déjà 6 heures! C'est une nuit sans lune, sans sommeil, sans répit pour les pensées néfastes qui torturent mon âme. 

    C'est une nuit blanche porteuse d’idées noires... songes éveillés assombris par l'angoisse et le doute.

    Recroquevillée dans l’attente du petit jour, je mesure le temps qui s’égrène avec lenteur martelant mes tempes à chaque seconde.

    7 heures: le petit jour tente de s’imposer luttant contre les nuées qui obscurcissent l’apparition du soleil. C’est une aube gris sale. Le ciel se déchire en lambeaux de nuages sur le jardin désolé, jonché de branches cassées, de feuilles éparpillées, de flaques boueuses... du travail pour la journée.

     

    Benissa le 31 mars 2015

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