Vous étiez assis la table d’à côté avec vos amis, et vous me regardiez.

Un regard assourdissant comme un appel, et lorsque vous avez saisi mes yeux dans ce regard avide, j’ai été incapable de m’en détacher, aspirée dans les profondeurs de vos prunelles claires.

Vous m’avez regardée... 

D’un regard  plus attirant qu’un aimant,

D’un regard plus caressant que des mains, 

D’un regard plus parlant que les mots

D'un regard plus polisson qu'un geste un peu osé...

J’ai plongé dans vos yeux comme au plus profond d’une source et j’ai vu remonter à la surface les souvenirs d’enfance. J’ai vu la terre desséchée par le soleil ardent, les souks et les marchés  aux senteurs épicées.

J’ai vu dans vos yeux la folie d’un espoir se révéler réalisable:  une vie différente, un ailleurs... abandonnant sur place le  fardeau du présent.

Dans les caresses de vos yeux, j’ai vu la pénombre d’un chambre ouverte sur un jardin, des mains offertes, des bras abandonnés et j’ai senti sur ma nuque la chaleur d’un souffle qui m’a fait frissonner.

Dans vos yeux j’ai lu les mots qu’on ne dit pas pour une première fois, mais qui enflammaient mes oreilles en silence; ces mots que l’on devine plus qu’on ne les comprend parce qu’ils sont prononcés dans un souffle.

Vos yeux me berçaient, comme une mélodie, et je la laissais m’envoûter comme un philtre magique.

Vos yeux me déshabillaient avec douceur et je sentais la brûlure de votre regard sur ma peau.

Vos yeux étaient plus grands que l’espace et j’y chavirais avec délice, prête à rendre les armes.

Vos yeux me dérobaient à moi-même et je les laissais faire, je les laissais me prendre, me soumettre et me gagner à votre cause.

Lorsque je suis partie, votre regard m’a suivie et... vous aussi.

Kallispera  04 - 02 - 2011